Bis repetita sur la mangeuse de nymphe

Septembre vient de poser ses valises. Quelques degrés en moins, une pluie fine pour débuter le weekend.Nul doute qu’il est temps de revenir aux bords de nos rivières pour retrouver un peu d’activité.

De manière inégale, l’été laissera plus au moins de traces. Sur les Combrailles, les assecs sont encore bien présent et rarement  la haute Morge n’aura montré un visage si triste.

Sur les  berges de la Sioule  , chaque ballade me pousse à mesurer combien la fragilité de nos tributaires ne pourra rester sans conséquence pour l’équilibre générale de nos grandes rivieres.Veritable nursery , Coutariaux , Cube et  Braynant auront bien souffert.

De l’autre côté, sur le Forez, la situation alarmante n’aura  peut etre pas été aussi dramatique. La moindre goutte d’eau se montre rapidement bénéfique  au point d’avoir pu observer une réponse violente d’une Dore qui a frôlé les 23m3/s le 31/08.Etat  précaire mais il est rassurant de regarder les petites sources offrir le visage d’une eau rafraichie par les matins plein de rosée.

Pas de quoi s’enflammer mais il apparait évident que la rivière aux milles rochers offrira quelques belles séquences de pêche avant la fermeture.

Ainsi je ne peux résister à l’envie d’aller trainer les waders au cœur de la mangeuse de nymphe. Nulle rivière du 63 ne me parait mériter autant ce qualificatif. Un cm  de trop, une trajectoire que l’on ne maitrise pas et  voici notre casque d’or prisonnier d’un accrochage sans espoir.

La dore est l’une des rivières les plus agréables à pêcher  en période d’étiage car elle impose au-delà du simple fait de faire rouler une nymphe  sur un lit de gravier, tout le savant savoir et la maitrise pour donner vie à un bout de plume et de poil sans odeur.

Tout l’art d’un mensonge qui poussera dame fario à sortir de sa cachette, enfouie au plus profond du basalte.

Quelle ne fut donc pas ma surprise quand tout à coup au milieu d’une dérive anodine, le caillou auquel  je croyais être accroché se mit à bouger.

Rageur, puissant, la dame avec laquelle j’avais rendez-vous m’indiqua sans faux semblant qu’elle ne serait pas une fille facile. Des minutes de combats, quelques mètres de rivière descendu avec la grâce d’un éléphant qui vient de comprendre qu’il doit apprendre à courir le 100m.Je savais que j’allais être le chanceux du jour. Elle était  à mes pieds, sublime truite d’une 50 aine de centimètre, je venais de gagner la guerre.

Pourtant il est des jours où l’on se demande bien quelle étrange idée vous passe par la tête. Plutôt que de lui promettre l’épuisette rapidement , je décidais  persuadé de sa fatigue, de la laisser tranquille au milieu de la veine d’eau ,convaincu de lui épargner les minutes nécessaires à préparer mon panier made in olympus.

De statistiques improbables , de choses qui vous arrivent que très rarement je crois que ma carrière de pécheur m’aura offert son lot d’histoire à dormir debout à l’image de cet ombre de la Sioule qui avait saisi  la potence, conduisant à vivre avec Manu l’un des moments les plus drôles de la saison 2016.

Mais là juste sous mes yeux, observer le manège de cette petite truite qui d’un élan rageur vint à son tour claquer sous 10 cm d’eau la micro nymphe en 20 qui me sert d’aguicheuse me laissa sans voix .En une fraction de seconde,  je venais de rentabiliser à merveille mon temps de pêche avec deux truites pendues au bout de ma ligne.

Malheureusement tout cela allait se conclure par une casse, me laissant juste la joie d’admirer l’ingrate petite demoiselle.Bis répétita d’un événement dont je reste de plus en plus convaincu qu’il se produit plus souvent qu’on le croit.

Il est des jours ou dégouté, j’aurais ragé d’un tel instant , mais là seul, tranquille, peinard, je pris le temps d’une pause, m’amusant d’avoir été aussi couillon .Conscient peut être que l’arrivée de la fin de la saison de 1er categorie ne me laisse que très peu de temps pour dévorer à pleine dent le plaisir d’être aux bords de nos rivières.

Comme une récompense , comme une stratégie payante que l’on a mis des heures à chercher , comme l’impression d’être au bon moment au bon endroit , comme l’impression que tout se joue sur des détails en cette période de l’année , le reste de l’après-midi fut passionnant avec la rencontre de superbes poissons que l’on ne croise que trop rarement sur cette rivière.

 

Updated: septembre 4, 2017 — 9:45

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