Je vous emmene aujourd’hui sur les bords de la Tarentaine à l’occasion d’une partie de pêche avec Vincent.
Fille du Chambon, le petit ruisseau né dans le Puy de dôme, coule ses eaux limpides pour devenir enfin une belle rivière dès son entrée en terre cantalouse.Des environs de Saint Donat au vieux pont des ânes, des bordures de Lanobre à Champs sur Tarentaine, la rivière s’enfonce dans des gorges magnifiques ou la pêche se révèle souvent sportive. Souvent très encaissé, les lieux savent garder leurs secrets .
La pêche en sèche/nymphe est reine . La qualité d’un écosystème isolé et donc relativement préservé conduit à un biotope d’une grande richesse à l’image des éclosions variées auxquelles nous avons assisté hier.
Point noir de bien des rivières de ce secteur, la fée électricité a posé son empreinte sur ces territoires, ajoutant à la dégradation visuelle d’un paysage magnifique des débits réservés très faibles qui ont impacté de manière significative l’état du peuplement piscicole au fil du temps. Nul ancien que vous croiserez au détour d’un chemin ne saura vous raconter avec nostalgie l’histoire des temps jadis d’une époque faste ou les truites se ramassaient à la pelle.
Des truites de tailles modestes (20/30cm en moyenne) mais à la beauté de la robe qui se mélange à celui du caillou sous lequel la dame a élu domicile. Du noir à la splendeur de point rouge qui éclate, le fario est maitre de ce domaine. Pourtant la vie est dur ici. Des hivers rudes, des barrages très présents et des hommes qui préfèrent profiter de l’instant présent sans penser à demain.
Tel est peut être l’un des constats les plus tristes de ces territoires .Sanctuaire , dernier rempart à la disparition des souches salmonicoles , les années ont vu se réduire comme peau de chagrin les populations de truites.Malhresement fort de ce constat , conscient de ces dégradations , à la différence de bien d’autres , les pêcheurs continuent inlassablement de prélever sans véritable limite.Aujourd’hui le développement de l’activité pêche , l’augmentation du nombre de pratiquant sans la mise en place d’une vrai politique de préservation à travers une limitation drastique des prélèvements conduira sans nul doute à amplifier un déclin qui s’annonce irrémédiable.
En parcourant les berges de la tarentaine et bien d’autres , nous vivons probablement les derniers instants d’un monde qui sans prendre garde va disparaitre. Nous devons analyser les paroles de nos anciens comme le glas d’une évidence qui s’impose à nous. Du célèbre adage « il n’y a plus rien » sonnant comme une inexorable vérité, nous devons accepter de ne pas voir notre loisir devenir l’outil de cette decadence.Aujourd’hui l’état des populations de truites sont très loin d’être ce qu’elle était. Elles ne sont plus en adéquation avec l’octroi donné aux pêcheurs de garder 6 truites par jour. Ceci n’aura comme conséquence que de faire des pêcheurs des gens plus misérables encore qu’un pollueur.
Ainsi en rentrant de notre périples de pêche raisonne ce débat dans la voiture. Celui d’un temps où nous savons mais où nous faisons rien .