Rencontre avec Franck Slaghenauffi , un monteur de cannes auvergnat

En période fête on aime à recevoir.Pour clôturer une année pleine de richesse j’ai choisi de vous offrir un dernier petit cadeau en mettant à l’honneur un homme à travers une des rares interview d’Auvergne Passion Mouche. Assis là au coin du feu je vous propose de prendre le temps d’une rencontre. Celle d’un pêcheur passionné , d’un monteur de canne de grande classe :Franck Slaghenauffi , un pêcheur de Sioule…….

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« Bonjour Franck

Il y a déjà quelques temps nous avions eu l’occasion d’échanger autour de notre passion commune : La pêche à la mouche. Je t’avais indiqué mon admiration pour ton travail de monteur de cannes, profitant de l’occasion pour t’inviter lors d’une journée d’animation autour de la pêche en partenariat avec l’AAPPMA de Châteauneuf-les-Bains. Je propose aujourd’hui à l’ensemble des habitués d’Auvergne Passion Mouche de poursuivre cette rencontre à travers cette interview à laquelle tu as gentiment accepté de répondre.

Tout d’abord, commençons par le commencement, Franck peux-tu nous raconter comment tu as découvert la pêche à la mouche ?

Bonjour Stéphane, et merci de me recevoir sur ton site Internet. J’ai découvert la pêche à la mouche très simplement, avec mon père qui m’a initié vers l’âge de 11 ans. J’ai aujourd’hui 40 ans et les choses ont bien changé depuis mes débuts dans cette pratique. A l’époque, c’est la pêche en sèche et en noyée qui dominaient. Les bas de ligne étaient plutôt courts et la pêche se pratiquait surtout au gobage. J’ai eu la chance de découvrir cette pêche en Limousin, mon lieu de résidence d’enfance; autant dire un des « berceaux » de la pêche à la mouche. C’est donc avant tout une histoire de famille, lorsque la transmission d’une passion se fait naturellement, beaucoup d’entre nous connaissent ça.

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Place maintenant au pêcheur et à ses secrets. Quel type de pêcheur es-tu ?

Surtout pas de secrets ! Qu’il s’agisse de pêche en elle-même ou de fabrication de cannes, je revendique le fait de partager TOUT ce que je sais. C’est très important pour moi, je n’ai rien à cacher, mes amis le savent, et il me paraît aujourd’hui illusoire de garder des « secrets », tant ce concept me semble dépassé. Une seule chose compte : le travail. On n’a jamais vu quelqu’un garder un secret très longtemps, et surtout durer dans le temps… Ma façon de concevoir la pêche repose avant tout sur la détente. Je vais à la pêche avec le besoin profond de me ressourcer dans la nature, sans être obnubilé par la prise du poisson. Le truc c’est que lorsque tu côtoies depuis longtemps des pêcheurs excellents, tu finis par en prendre aussi… et ça fait aussi plaisir !
Je pense qu’il faut avant tout être réaliste et décontracté pour réussir à la pêche, et ce, quel que soit le type de pêche.
Ensuite, j’aime assez me fier à mon instinct, et c’est dans la pêche en nymphe que je trouve le plus de réponses à ce besoin. J’ai longtemps pêché en sèche en « tapant l’eau », en cherchant le poisson même en l’absence de gobages. Mais ce que je préfère, c’est la pêche en torrents de montagne, les eaux vives me « transportent ».

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Le pêcheur que tu es s’est transformé en un artisan facteur de cannes qui régale chacun d’entre nous à travers la beauté de ses réalisations. Peux-tu nous expliquer comment tu en es arrivé là ?

C’est une longue histoire, je vais essayer d’être synthétique. Déjà enfant, mon père m’apprenait la façon de réaliser les ligatures pour réparer ses propres cannes. Ensuite, il y une quinzaine d’années, j’ai rencontré un « maître en la matière », Jacky BOILEAU. Je lui ai acheté un canne, il m’a montré sa manière de procéder, m’a expliqué quelques astuces, et j’ai eu une sorte de « révélation ». Au-delà du montage de mouches, le montage de cannes me procure un moyen d’expression qui me permet d’allier le tournage sur bois, un peu d’ébénisterie, un peu de chimie et de physique, et puis surtout une approche esthétique qui pour moi est un véritable exutoire. J’ai commencé par le dessin (que je pratique encore d’ailleurs) que j’utilise évidemment pour le design de mes cannes. J’aime toutes les formes d’art et il m’a semblé inévitable de lier l’esthétique et le rodbuilding. Après une longue maladie, je me suis dit qu’il serait bon de donner du sens à ce savoir-faire, et c’est ce que j’essaye de faire pour mon plus grand bien.

A voir ici : www.cannesamouche.com

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En parcourant ton site, on s’aperçoit rapidement que la personnalisation des cannes aujourd’hui n’a guère de limites. Alors je ne résiste pas à poser la question qui tue, pour toi, quelle est la canne idéale, celle qui te fait rêver, le Graal en quelque sorte ?

Tu l’as dit ! Par définition, à ce jour on n’a pas trouvé le Graal ! Et puis, par essence même, une canne idéale, ou celle qui se rapproche de l’idéal pour un pêcheur, c’est celle qui lui ira le mieux. C’est la canne qui te ressemble, tant dans l’action pour la pêche que tu désires pratiquer, que par l’esthétique, que tu es en droit de choisir. C’est l’état d’esprit que je revendique lorsque je dis à mes clients que la canne que je vais leur fabriquer sera LA LEUR, et pas celle d’un autre. Les cannes signées Franck Slaghenauffi sont des pièces uniques, pensées, dessinées et choisies AVEC le pêcheur.
Le Graal, c’est la canne qui te ressemble, celle que tu as choisie, avec laquelle tu vas être à l’aise partout, tout le temps, c’est le prolongement de ton bras (comme disent certains), mais c’est aussi, et avant tout, l’outil qui te fait communiquer avec la nature. La canne ultime c’est le lien entre l’homme et l’environnement, et pour moi le vrai Graal ce n’est pas ta canne, c’est ce lien.

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Parlons maintenant un peu de notre territoire. Pêcheur de la périphérie clermontoise, tu es comme moi un amoureux de nos rivières auvergnates. Quelles sont tes destinations de pêche préférées ?

J’ai cette chance de vivre ici à quelques kilomètres de la haute Sioule, et c’est un véritable bonheur de retrouver cette perle. J’aime beaucoup aussi la Couze Pavin, qui me donne tout ce dont j’ai besoin pour me ressourcer. Et en allant un peu plus loin ce seront les rivières lozériennes qui sont les élues de mon cœur, la Colagne et le Lot entre autres.

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Histoire de conclure peut-être sous la forme de questions rapides :
-Ton mode de pêche préféré (sèche, nymphe, etc.) ?
Sèche en torrent de montagne, avec une canne courte et des mouches parachutes…

-Ta mouche préférée
L’émergente de sedge proposée par Philippe GENEIX (www.avozetto.com), dans son excellent ouvrage sur Les Mouches Elastiques. C’est une mouche qui donne d’excellents résultats sur tous les types de rivières, je ne m’en lasse pas.

-Ta rivière auvergnate préférée
La haute Sioule pour sa configuration et la vie qui rayonne à travers elle.

-Ta Destination pêche préférée
Pourvu qu’il y ait de l’eau !

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Ainsi s’achèvent ces quelques minutes de lecture à tes côtés. Je te remercie une fois encore du temps que tu as bien voulu consacrer à ces réponses. J’espère qu’elles auront donné envie à tous de venir à la découverte de ton univers dans lequel l’artiste que tu es, s’exprime à merveille.

Découvrir l’univers de Franck :

canne à mouche

 

Updated: décembre 30, 2015 — 5:12

1 Comment

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  1. bonjour je viens de lire votre article avec plaisir qui date de 2015 sur facteur de canne artisanale auvergne de monsieur slaghenauffi mais impossible de trouver ses coordonnées et son site apparament il n’existe plus si vous avez des renseignements je suis preneur car j’envisage le montage d’une canne à nymphe .cordialement A.Oudin

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