Dans ma quête permanente de nouvelle experience, je m’étais mis en tête d’aller à la rencontre de deux adversaires à la réputation de plieur de carbone : un silure et un thon.
Le silure m’offrant l’opportunité de terminer le péril de prendre la majorité des espèces d’eau douce à la mouche, j’avais fait appel à Matthieu Ravari guide de pêche à Albi pour atteindre un objectif rarement relaté dans l’univers de la Palm. Grace à son aide, le mois de mai 2015 m’invitait à la rencontre du grand moustachu, certe modeste mais l’essentiel était atteint.
Mon silure à la mouche :http://auvergnepassionmouche.fr/silure-a-la-mouche/
Apres avoir investi de l’argent dans un matériel fly big game, deux solutions s’offraient : le laisser dormir dans un râtelier ou chercher la parfaite excuse. Cette hypothèse me conduisait sans nul doute à l’invitation que représente la traque d’un Thon à la mouche. L’envie aussi de démontrer que notre pays n’a parfois pas à rougir d’ailleurs qui emplisse nos rêveries halieutiques.
Ma logique de la pratique de la pêche n’accepte que trop rarement de sacrifier à une quelquonque facilité. Je fais partie des pêcheurs qui ont besoin de construire avant d’aboutir. Mon envie de Tuna ne pouvais donc se concevoir sans réaliser mon propre équipement.
Mais ai-je vraiment le choix en réalité.Je profiterai de l’instant pour un apartheid amusant .
Combien de guide de pêche en France qui présente leur prestation avec matériel mouche fournis ont seulement anticipé la venue d’un pêcheur gaucher. Trop rare je le crains, démontrant probablement l’obligation lorsque vous faites partie de ces 12% de la population à être le plus autonome possible. Un critère qui parfois amène certains d’entre nous à ne pouvoir s’offrir ces rendez-vous.Dommage , non !!!!!
Ainsi je me trouve à construire mon ensemble, à m’interroger sur la pertinence de telle ou telle nœud, à martyriser mon esprit sur des questions existentielles du type : Et si le raccord soie/baking ne tenais pas, et si. Essayer de comprendre, de connaitre l’adversaire grâce au conseil d’autres pêcheurs. Derriere mon ordinateur, alléché de quelques vidéos ou tout semble si facile, je prends rendez-vous pour le mois d’octobre .Deux rounds différents sont planifiés.
Octobre arrive enfin.Tout est prêt ,des mouches montées sur différents hameçons allant du tiemco 600 SP au gamakatsu 12S Big game en passant par des choses plus extrêmes à travers les Owner Gorilla.Coté matériel j’accorde ma confiance dans un ensemble composé de la canne qui m’a permis de tracter sans concession mon premier silure le TOF Blue water 9 soie de 14 accompagné d’un moulinet Colton Torrent 13/15 recevant 455 m de tresse et une soie GT 55O grains .
Ne reste plus qu’à filer vers Saint Cyprien ou m’attendent Samuel Elgrishi guide de pêche et Alexandre Gauriat avec qui je partagerai ce premier Round Tuna.
Roussillon Fishing/Samuel Elgrishi : http://www.roussillonfishing.com/
Permettez-moi au passage de vous inviter si vous ne le connaissez pas à visiter le blog d’Alexandre allias chiroman.L’un des plus beau du net à mon gout
Le blog d’alexandre : http://chiroman.over-blog.com/
Sur le quai ou le Catalina nous attend, je perçois rapidement toute la difficulté de mon aventure .Je ne peux le nier, je suis un novice total en mer .La chance de toucher un thon à la mouche sur un premier séjour me semble tout à coup bien mince. Rarement l’adversaire ne m’a fait autant d’impression .
Pendant que Samuel nous donne les premiers conseils, les stratégies, les approches, je comprends rapidement que la mer ne s’improvise .Attaquer une chasse de thon avec une canne à mouche ne peut se résumer à l’impression de facilité que l’on nous décrit parfois.
Tout doit être parfait .Le comportement du pêcheur capable de réagir et d’anticiper en quelques secondes la trajectoire d’un poisson qui peut se déplacer et disparaitre en un claquement de doigt.Plus encore c’est La tenue et l’intensité de la chasse permettant aux guides de la repérer , de pouvoir se placer , et surtout de l’approcher suffisamment pour entrer dans la zone d’attaque d’un moucheur , c’est-à-dire entre 15/25M qui garantit la chance d’un succès.
De tout cela malheureusement au bord du Catalina durant ces deux jours, nous n’aurons que trop peu d’occasion.Malgres La dextérité de Samuel dont je suis admiratif, nous aurons des conditions de pêche à l’opposé. Des chasses fuyantes, des poissons instables et méfiants dont le seul espoir d’un combat tenaient dans l’abandon de notre identité de moucheur pour le choix d’une technique avec plus d’amplitude : le Spinning
Attaquer un poisson à 50 m ou à 20 m n’a probablement rien à voir .Cela laisse peut-être moins de place à la taquinerie de quelques tunas qui ont décidé de jouer les herectus interroptus.Expression samuellienne qui transforme l’adrénaline d’un équipage d’un bateau fonçant à tout berzingue sur une chasse en une immense déception d’avoir à faire à des thons décidés à vous faire tourner en bourrique.
Pourtant je ne regrette pas d’avoir fait le choix de laisser ma canne à mouche au vestiaire durant ces heures, ayant eu la chance de combattre ce soldat de la mer. Sentir un tuna d’1m20 tendre le carbone, la puissance de son rush reste sans egal.Un moment rare dans la vie d’un pêcheur.
Mais au-delà, gardant à l’esprit l’objectif de rencontrer ce maitre avec ma TOF, ces minutes si dures physiquement pour le pêcheur de rivière que je suis m’auront fait comprendre les erreurs à ne pas reproduire aux risques de sacrifier l’énergie nécessaire pour terminer cet affrontement
Des enseignements très riches dans la perspective d’un deuxième round qui me conduira une nouvelle fois sur les bords de la méditerranée aux environs de Toulon .Ce coup-ci nous serons en Fly only, traquant des adversaires différents .Bonites, pélamides et autres réjouissances comme la mise en bouche d’un tuna à la mouche.
Je sais aujourd’hui sans nul doute que ce tuna on fly reste sans concession ma priorité pour les mois à venir …. Peu importe le temps qu’il faudra.