De mes années les plus jeunes, pêche rime souvent avec une part d’inconscience.
Celle d’un courant qui vous conduit à prendre un bain, celle d’une journée ou l’on préfère la compagnie d’une truite à une soirée entre potes, celle enfin ou même avec 40 de fièvre je suis en plein milieu de l’allier en ce mois de mars espérant la rencontre d’un hypothétique saumon. Escapade qui me garantira quelques complications.
Pourtant les années ne m’ont guère assagi lorsqu’il s’agit d’aller dandiner la gaule au cœur du pays savoyard. C’est minerve au cou pour cause de névralgie cervical et surtout canne en bandoulière que je m’affaire à passer d’une vallée à l’autre.
Des plus petites à l’image de la Valloirette ou l’eau coule encore bien blanche
A des terrains de jeu plus ample comme l’arc et l’Isère
Il me faut user d’une autre excuse pour trouver raison d’être en ces lieux .Ultime moment pour clore la saison 2019 de 1er catégorie .Je profite de ces heures de pêche pour tester un nouvel achat : le waders Patagonia Skeena river
Considéré comme intermédiaire au milieu de la gamme pata, ce wader se décline en plusieurs tailles ou chacun trouve chaussure à son pied.
Parmi les premières impressions, je retrouve le confort d’usage ressenti avec le Gallegos .Des sensations qui pousse au sentiment de sécurité même dans les veines les plus puissantes de ces rivières alpines. Autre sentiment, la qualité de la fibre utilisée qui sèche trés rapidement
Abordons maintenant le nerf de la guerre, la pêche.
2 jours et demi ou j’alterne plusieurs stratégies, remarquant au passage que je fais mes plus beaux poissons à distance notamment en sêche nymphe à l’image de cette magnifique truite de plus de 40 qui aspire à la vitesse de l’éclair mon tabanas.
De ces rivières, c’est le mode de gestion qu’il me faut aborder à travers la volonté de dynamiser certains parcours par l’introduction d’arc. De l’Isère, de l’Arc, de bien d’autres, souvent au détour d’un coup de ligne on croise ces poissons à la conformité parfois discutable mais qui se révèlent être de magnifiques combattantes et donnent aux heures les plus difficiles la possibilité même aux plus débutants d’entre nous de s’amuser.
Cerise sur le gâteau, dans les veines les plus puissantes se dessine l’éclat d’un ombre .Poisson magnifique qui attire toujours mon regard, je dois avouer une fois de plus que je voue à celui-ci une affection particuliere et ne résiste rarement à lui consacrer des heures et des heures pour essayer de le seduire.Ainsi commence le plus beau souvenir de ce séjour.
C’est au fond d’une vasque profonde que je l’aperçois, dandinant au gré de son humeur.
Il se décale allant chercher la profondeur qui le met hors de portée puis revient histoire de me narguer.
Que faire ?
Choisir de miser sur une nymphe assez lourde qui me garantit de passer à la bonne profondeur mais me conduit peut être à prendre le risque d’une fuite irreversible.Choisir une autre solution, une nymphe en 16 sur bille de 2.5 que je soutiens au passage de la zone propice, prodiguant une animation à la dernière seconde.
Un posé, une masse qui monte entre deux eaux, un étendard qui se déploit dans l’eau bleue .Je ferre, conscient que rien n’est alors gagné. La masse se fait lourde.
Dans un élan, maitre thymallus arrive à franchir la veine d’eau et file vers l’aval. Je glisse,je me casse la figure dans les rochers, je trépigne, je m’agace, je commence à sérieusement me dire qu’aborder les choses avec une pointe en 10% me rend bien inconscient une fois encore.
Mouillé pour mouillé, je décide de prendre le taureau par les cornes ou dans un langage halieutiquement adapté, le thymallus par les sentiments.
« Et bonjour, Monsieur thymallus.
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! »
De la fontaine, j’en esquive quelques rimes pour dégainer mon épuisette et pendant que la suite du poème se fait lointaine à mon souvenir, je saisi à la volée mon partenaire du jour.
De ce poisson qui retourne dans son élément me voici comblé d’un séjour pêche qui une fois encore m’a livré de belles rencontres et au diable mon docteur qui m’a conseillé …
« Il faudrait peut-être faire une pause de pêche pendant quelques semaines !!!!!!!!!!!!!! »