Après un périple méditerranéen qui m’avait fait mettre le cap à la recherche de Tuna.J’avais décidé en cet automne de finir ma découverte de la mer par un séjour plus généraliste à la rencontre des chasses de bonites, maquereaux, pélamides et autres espèces.
J’embarque avec Fréderic Gori, guide de pêche à la Seyne sur Mer pour vivre 48 heures de pêche à la mouche en mer.
Quelques infos glanées de ci, de là m’ont rapidement fait entrevoir le potentiel de cette pêche bien moins spécifiques que la traque des thons. Ici quiquonque qui possède un bon ensemble réservoir peut s’adonner à la recherche des chasses et s’offrir des émotions rares.
Pour ma part dans un souci de réactivité et surtout vu une météo venteuse le premier jour, je choisi de mettre ma confiance sur ma canne brochet : la BVK 9 soie 9 au quelle j’ai associé un moulinet JMC coast 8/10, une Rio outbound et enfin 300 yard de backing qui auront son importance durant le séjour.
Le principe de cette pêche peut se résumer en quelques mots simples : Etre là au bon moment. Dans un recoin se regroupe les bancs d’anchois et autres proies .Tout à coup les prédateurs se mettent en chasse. C’est à ce moment-là précis que votre mouche doit passer à portée de ces bouches affamées.
La pêche sur chasse est magique. L’adrénaline d’une approche reste comparable sans nul doute au museau glouton d’un gobage. La distance de pêche se trouvant très raccourcis par rapport à des techniques de plus grandes amplitudes comme le leurre. La maitrise parfaite de Frédéric est le point plus important.Je profite d’ailleurs de l’instant pour le remercier.Sa perfection à anticiper la trajectoire des prédateurs, sa pertinence à approcher le bateau pour me mettre en condition de cast fait de sa presence le point majeur de la reussite. Sans lui rien ne serait possible.
Vient enfin le moment de lancer sa mouche. L’ultime moment où l’on doit se mettre en mouvement. Nul question de tergiverser, de lambiner à cet instant précis. Il faut être appliqué, anticipé le mouvement de la chasse.Le lancer est la phase qui demande le plus d’application.Une mouche posée au bon endroit, au bon moment.
Lorsque la soie touche, l’animation se résume à un stripping rapide mais l’excès de confiance à considérer ces poissons comme des êtres non sélectifs serait une erreur fatale. Durant ces heures sur le bateau je fus surpris de cela. L’observation notamment des pécheurs aux leurres dont la réussite fut parfois bien inférieure à la mienne me démontra que malgré l’acharnement à manger tout ce qui passe à portée, ces poissons marins peuvent être très durs à surprendre. Les pêcheurs à la mouche peuvent ici devenir de redoutable adversaire, capable de répondre aux exigences les plus subtils comme la taille très petite des anchois.
On m’avait prévenu, le poisson de mer c’est autre chose. Que dire de cette verité.Le moindre petite bonite vous envoi dans la canne un rush digne d’une truite de 70.Si l’on aime combattre un poisson sur une canne à mouche,on ne peut faire l’économie de tenter la rencontre avec ces poissons marins. Pour ma part après des années passées en réservoir, rarement je n’ai été confronté à une telle puissance.
En prenant dans mes mains ces modestes lingots d’argent , je comprends très vite la raison d’une telle aptitude à combattre. Un corps taillé comme une torpille, des muscles saillant, la bébé thon vend difficilement sa peau.
Nul doute que ces 96 heures passées avec Samuel et Fréderic m’ont fait entrevoir une autre manière de pratiquer la pêche à la mouche. Un univers neuf ou j’ai l’impression de retrouvé les plaisirs d’être un debutant.La sensation de ne rien connaitre, d’avoir tout à découvrir.La sensation aussi que nous autres moucheurs avons vraiment une carte à jouer face à des espèces de poissons qui répondent à merveille sur nos mouches.
L’enthousiasme de cette découverte de la pêche en mer ne peut aussi se dédouaner de l’environnement. Etre là seul au monde, au milieu d’une mer calme ou seul le bruit d’un globicéphale remontant à la surface représente pour moi l’un des points fondamentaux de mon identité de pêcheur à la mouche.
Une communion permanente avec la nature.