La première fois que je l’ai vu, c’était sur Facebook en photo. Elle était là, illuminée par l’atmosphère chaleureuse d’une bougie. Paisiblement posée, attendant d’être conduit vers d’innombrables d’aventures .Rapidement je compris que nous étions fait l’un pour l’autre.
Comment pouvais-t-il en être autrement.
Quelques semaines auparavant je l’avais choisi chez Franck agence de placement halieutique qui sait mis en tête de construire des couples parfaits .L’homme et sa machine, le pêcheur et sa canne.
Chez Franck : www.cannesamouche.com/
Ainsi je m’étais osé à quelques facéties que seul un facteur de canne dont l’unique but semble d’être à l’écoute pouvait assouvir. Je l’a voulait blonde aux yeux bleus. Couleur d’une essence de châtaigner qu’il m’avait proposé d’agrémenter d’un trait d’ébène du Mozambique.
Tout le long de ces courbes, chaque anneau trouvait comme refuge à se tenir ici des ligatures d’un bleu violacé dont l’éclat se voyait rehaussé d’un liseré brillant. L’ajout d’un anneau amovible terminant à merveille l’objet de tant d’attention.
Son désir d’être unique l’avait conduite à poursuivre la volonté d’attirer mon regard à l’aide de quelques tatouages. De ci, de la, une éphémère sur le côté, une chinoiserie sur le dessus, une mouche de mai prisonnière de la resine.Ainsi toute résistance de ma part serait vaine. Je ne pouvais qu’être séduit.
Elle était là, à porter de main, assise sur ce banc à contempler la Sioule.
Timidement je m’étais approché d’elle , habillé de mes plus beaux apparats. Gilet nettoyé à grand coup de karcher, bobine de fil au garde à vous, waders à quatre épingle, j’avais pour l’occasion sorti toute ma panoplie. Soie de 3, soie de 2, naturelle, synthétique, nylon je ne savais comment elle allait réagir à tant de sollicitation.
Nos premiers échanges se firent avec une bille de 2.5 mm dont sa maitrise fut la plus totale .D’un coup de poignet, elle expédiait dans les moindres recoins la petite nymphe. Chaque centimètre même les plus cachées sous la frondaison de la haute Sioule ne pouvait lui échapper .Ne comptant pas s’en laisser dire, elle m’avait rassuré de sa capacité à amener plus gros, 3mm, 3.5mm, 4mm.
Pourtant au fil des minutes, je perçus son inquiétude à devenir une de ces all-hilos pathétiques qui ne connaissent plus l’odeur de la graisse, du bruit des aspérités qui filent dans les recoils.Notre relation ne pouvaient en rester là.
Ensemble nous nous sommes échappées du bruit de l’eau qui roule sur les rochers, de ces veines d’eau qui nous aspire. Souhaitant le calme d’un plat, l’atmosphère particulière que seul un pêcheur à la mouche recherche.
Là nous nous sommes essayées à d’innombrables positions. Lancer droit, posé courbe, parachute et autres espièglerie qu’une soie source de la Lozère n°3 pouvait nous autoriser. Instant délicieux que seule une petite truite coquine avait décidé de perturber en se saisissant de l’imitation.
Vous l’aurais compris, sous le soleil d’un été qui s’annonce, nos ébats furent d’une indécence que j’ose vous compter ici. Alternant les stratégies, cherchant à trouver les limites de l’objet, noyée, nymphe plaquée, sous la canne, sêche, ma Danica Dream semblait prompt à se preter à tous mes désirs.
Les heures se sont écoulées sans que nous sachions vraiment ce qui venait de nous arriver. D’une impression, cela s’était transformé en une certitude. Nous avions fait le bon choix, nous savions que nous étions faits l’un pour l’autre. J’avais trouvé une canne à ma main, elle avait trouvé un épicurien contemplatif prêt à la conduire dans les endroits les plus sauvages.
Au fond des gours de Tarentaine, à l’odeur des près de la Santoire .Des berges abrupts qui bordent le Lot à l’inconnu de l’Albarine. Nul doute que pour que notre relation perdure , je sois contraint de lui consacrer du temps.
Un sacrifice que je suis à prêt à faire.