L’arrivée de juin annonce sur nos rivières auvergnates les plus belles heures de la saison. Encore quelques instants,la nature livrera ses plus beaux atouts.
De l’ecdyo à la mouche de mai, du sulfure qui accroche notre regard aux éclosions d’ignita qui ont fait l’histoire de la rivière, le pêcheur à la mouche ne sera plus guère où donner de la tête.
Maitre thymalus profitera de l’arrivée de cette manne nourricière pour terminer sa remise en forme après des semaines d’ébats amoureux.
Petit à petit les rayons de soleil réchaufferont une eau qui commence déjà à manquer. Des semaines que notre Sioule ne coule plus qu’à peine à 8m3.Inquietante situation qui ne laisse guère de doute sur un ralentissement de l’activité des poissons en pleine journée.
Déjà fortement sollicité, Dame Fario a appris ces leçons .La naïveté n’est plus de mise, et la belle retrouve ses vieux réflexes d’un partenaire exigeant qui a écrit les lettres de noblesse des pêcheurs de la Sioule.
Comparable aux hérons, le pêcheur devra se faire oublier attendant les premières heures de soir pour guetter les frémissements .Le moindre geste, la moindre approche à pas d’éléphant anéantira tous les espoirs d’une belle récompense que l’on prendra le temps d’admirer.
Nous gouterons à plein poumon la chance qui est la nôtre. Conscient et utopiste qu’à travers nous, pêcheur d’ici et d’ailleurs, se jouent peut être les derniers instants de milieu aquatique si fragile. Jamais tel jeu ne pourra se terminer sans que nous nous accrochions à ce destin auquelle nous sommes liés. Instant de vie futil, regardant dame fario retrouvée l’eau qui là vu naitre.D’un geste si simple, si anodin, le poing levé, nous crions haut et fort notre volonté que tout cela ne disparaisse pas.
Puis dans la nuit qui envahit la vallée, comme un illusion, tout ne tiendra plus qu’à un fil.S’estompant au loin,il ne restera plus qu’une
odeur de cannelle………….