D’un poisson, fut-il d’avril, nul doute que bien des pêcheurs n’aspirent qu’à la rencontre de ce partenaire sans lequel nous ne serions au final pas grand-chose .
Ainsi débute ces lignes par une photo, instantanée d’une rencontre avec une fille de la Sioule.
Prétexte je le crois à définir l’idée que je me fais de la pêche en cette nouvelle saison qui commence.
Moment de communion, plaisir d’une quiétude qui nous éloigne du brouhaha de quelques antispecistes, je dois avouer que j’aime la solitude, seule garantie de pouvoir se faire oublier au cœur des éléments.
Occasion de prendre le temps, d’éviter d’être aspirer par l’évolution d’un loisir ou tout ne se résume plus qu’à la performance. Occasion surtout de regarder l’eau qui coule sous les ponts en s’interrogeant sur l’évolution d’une rivière pour lequel je voue une affection particulière.
Ils seront nombreux cette année encore à commenter, à discuter, à palabrer des heures entières sur une époque qui emporte avec elle les derniers farios sauvages de bien des rivières.
Ils viendront sur les berges, pleurnicheront, feront d’innombrables théories mais au final combien accepteront de consacrer quelques heures à son chevet.
Beaucoup d’ailleurs ne prendront même pas le temps d’observer la vie de la rivière, culture d’une pêche qui se veut aujourd’hui consommatrice d’un made in china ou truite n’est plus que l’outil d’ambition commerciale dont la croissance exponentiel devrait nous alerter.
De cette réalité, permettez-moi amis lecteur de vous livrer une question le plus humblement qui soit .De cette réalité donc, elle est manière à s’interroger sur la capacité de nos rivières à répondre à nos attentes mais lesquelles ?
Celle de générer de la valeur ajoutée par l’engagement de bénévoles bien mal récompensés de leur effort .
Celle de fixer de manière irréversible un postulat ou toutes eaux de 1er catégorie doivent jusqu’à la fin des temps accueillir pêcheurs de truite « sauvage ».
Celle de donner audience à tous ces techniciens de la canne qui défilent chaque année pour faire démonstration de leur science assumant avec beaucoup de convenance que chaque fois qu’un pécheur est en souffrance , c’est un billet qu’ils gagnent.
Celle de tous ces propriétaires de moulin à qui l’on expliquent que damnation leur est promise s’ils acceptent de céder à l’appel d’une énergie décarbonnée pour satisfaire des citadins avides d’un bio à la mode.
Celle de territoires ruraux dont l’une des ressources repose sur un pseudo tourisme vert totalement artificialisé asservis par des mégapoles urbaines qui concèdent de temps en temps à leur laisser une école ,un médecin , une poste.
Celle et encore celle ….
Comme toutes les plus belles, Riviere ne sait peut-être plus où donner de la tête.
Que d’ambition, que d’aspiration pour nourrir les destins d’une espèce qui au final n’arrivera probablement pas à choisir.
Voilà comment je raconte l’histoire de ma relation avec celles qui partagent mes rêveries halieutiques depuis maintenant des dizaines d’années.
Le temps a passé, de mes ambitions de jeune homme désireux d’être le plus habile, le plus apte à faire le beau aux rendez-vous des pêcheurs, j’ai laissé place à une profonde affection qui me pousse plus encore aujourd’hui qu’hier à percevoir chaque rencontre comme une offrande dont je mesure l’absolu rareté.
J’accepte de sacrifier de longue minute à contempler plutôt qu’à pêcher. Mon regard se perd souvent au-delà de la surface pour comprendre ou plutôt observer l’empreinte de notre temps.
2019 me semble source de bien des inquiétudes.
Des herbiers qui chaque automne se dégradent et sont emportés, ce début de saison signale leur forte presence.Il y a fort à parier que bien des secteurs de la Basse Sioule seront quasiment impraticable autrement qu’en sêche très tôt dans la saison.
Plus grave encore, le niveau de la rivière qui ne connait plus guère de réelle crue conduit à l’accumulation de matière organique qui semble avoir colmaté une grosse partie des secteurs amont. De quoi s’interroger sur la réussite de la fraie.
Une fraie qui devrait s’exprimer majoritairement sur les petites tributaires mais eux aussi présentent un faciès inquietant. On peut se demander comment va se passer les mois à venir si le soleil ne cède pas un peu terrain au profil de la pluie. De nombreux secteurs sont quasiment à l’étiage démontrant un manque d’eau important si tôt dans l’année.
D’un tel tableau, nous pouvons faire place à une forte de morosité, de lassitude .D’un tel tableau, nous pouvons nous interroger sur la pertinence de parcourir ces kilomètres qui nous éloigne de nos terrains de jeu .
Pourtant en amour comme en passion, l’aveuglement est souvent de rigueur et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ose vous écrire que la saison 2019 sera exceptionnelle .
A moins peut être que j’ose un petit mensonge en ce jour de fête du poisson ….
Bel article je trouve et oui il y a de beaux parleurs mais combien s’investissent?
Quant au fait de profiter en observant plutot qu’en ne faisant que pecher n’est ce pas sense etre la base meme de notre passion?
Jusqu’ici depuis l’ouverture je n’ai pas mis une mouche a l’eau mais que de belles balades au fil de l’eau pour observer mes future potentielles zones de detente car oui au final c’est ce dont il doit s’agir .