Etudiant en Master 2 Jean Baptiste Faure avait été conduit courant 2014 sous l’autorité du SMADC à la realisation d’une etude sur le tourisme et activités de pleine nature dans la vallée de la Sioule.L’occasion pour les pêcheurs de prendre part à ces discutions autour de leur activité et d’un questionnaire.
Aprés des semaines , retournons à la rencontre de Jean Baptiste pour connaitre les avancées de ce projet.
« Bonjour Jean Baptiste.
Il y a quelques temps sur Auvergne Passion Mouche, tu nous avais parlé de la réalisation d’une enquête dans le cadre du développement des activités de pleine nature sur la Sioule.
Le 15 octobre lors d’une réunion au Pont-de-Menât, tu as présenté tes conclusions. Je te propose ici de revenir sur 2 ou 3 points autour de la pêche qui permettront de mieux comprendre la vallée, sa vie et son avenir.
Tout d’abord, pourrais-tu nous donner quelques résultats significatifs autour de la pêche et de son importance sur la Sioule ?
Avant toute chose, il est important de préciser que compte tenu du mode de diffusion des enquêtes, mais aussi du peu de relai effectué par la plupart des fédérations sportives contactées ou des acteurs locaux, les résultats obtenus sont à manipuler avec précautions. Toutefois, après de longs mois passés dans la vallée, à discuter avec les prestataires d’activités, les pratiquants, les hébergeurs, les élus et les collectivités territoriales, les principales tendances mise en évidence par ce rapport se sont révélées exactes sur le terrain.
Concernant la pêche, puisque c’est le sujet qui nous intéresse ici, cette activité sort très nettement du lot, aussi bien du point de vue des touristes que des locaux. Bien entendu, ce résultat est à relativiser, même si elle constitue l’une des trois activités principales de la vallée, avec la randonnée et la navigation.
Il est à noter que si la navigation est importante par le poids économique indiscutable qu’elle représente, la randonnée et la pêche sont les deux activités principales qui font venir les gens dans la vallée dans un but de pratique. Ajouté au fait que les mois en dehors de la période estivale sont souvent les plus prisés par les pêcheurs, il est facile de comprendre le rôle que peut jouer cette activité dans l’économie de la vallée.
Malheureusement, si l’activité pêche est l’une des plus attractive, il n’en reste pas moins que de nombreux progrès sont à faire puisque le sentiment général des pratiquants interrogés reste relativement mitigé, à l’image des autres activités de pleine nature de la vallée soit dit en passant.
Sur le terrain, nous observons un engouement certain pour les secteurs en amont du Pont-de-Menât, essentiellement dû, à priori, à la présence d’une bonne densité de poissons, notamment des ombres communs et du parcours « no-kill » de Chateauneuf-les-Bains. J’ajouterais ici que la communication qui est faite autour de ces parcours, notamment par l’intermédiaire de ton blog, contribue sans aucun doute à cette situation. Toujours est-il que cette sur fréquentation est surement à l’origine de ce sentiment d’insatisfaction, même si il reste modéré, puisque les poissons, bien présents, sont de plus en plus durs à leurrer au fil des jours, quand il est possible de trouver une place ou lancer sa ligne.
Au final, la pêche constitue bien une activité majeure pour ce territoire, même si il conviendra de prendre quelques mesures destinées à améliorer cette activité de façon qualitative et quantitative afin de contenter au maximum les « touristes pêcheurs » comme les locaux.
2eme point, porteur de projet, tu as exprimé des conclusions autour du développement de l’activité pêche sur la vallée. Pourrait tu nous donné quelques pistes ?
Plusieurs constats sont à l’origine des principales préconisations qui sont émises dans ce rapport.
Tout d’abord le règlement mis en place sur les baux de Chateauneuf-les-Bains/Menat, est beaucoup plus favorable au maintien du cheptel piscicole et notamment en poissons de tailles respectables que les règlements fédéraux mis en place côté Allier et côté Puy-de-Dôme, puisque rappelons le la Sioule fait office de frontière interdépartementale sur plusieurs kilomètres.
Ce dernier, même s’il apparait encore trop peu sévère concernant le nombre annuel de prises, permet toutefois d’avoir des poissons en grand nombre dans la rivière, ce qui fait que les truites sont bien visibles, mais permet également aux poissons de s’éduquer et les rends plus compliqués à prendre. Au final une bonne densité de poissons de toutes tailles est présente dans la rivière, du moins pour l’instant en amont du Pont-de-Menât.
Pour l’ombre, sa mise en « no-kill » intégral, compte tenu de la fragilité des populations semble indiscutable, ce qui est le cas actuellement dans la partie de rivière située dans le Puy-de-Dôme.
Le deuxième point très important concerne l’opinion des personnes interrogées sur la réglementation en place. En effet il s’avère qu’une très grande majorité des personnes déclarent être en faveur d’une baisse des quotas et d’une augmentation de la maille des poissons. Ces mêmes personnes sont également en faveur des parcours « no-kill » et à l’augmentation du nombre de ces parcours.
L’idée consisterait à inciter les pêcheurs à mieux se répartir dans la rivière en mettant en valeur les parcours avals. Notons ici que ce raisonnement s’applique de la même manière pour les parcours des hautes gorges entre Montfermy et Pongibaud notamment, mais jusqu’à la source serait encore mieux.
Pour cela, étendre le règlement de Chateauneuf-le-Bains sur tout le linéaire classé en première catégorie, au moins en aval des Fades/Besserve, soit jusqu’à Jenzat, semble être la première mesure à mettre en place avant d’inciter les pêcheurs à venir y pêcher. Prendre des mesures afin de préserver la ressource avant de venir « taper dans le stock » est primordial.
Aussi, mettre en place plusieurs parcours « no-kill », comme « produit d’appel » serait une deuxième étape importante d’une part pour inciter les pêcheurs à mieux se répartir sur la rivière, mais également d’autre part parce qu’une densité importante de ce type de parcours est un plus indéniable dans l’attractivité d’une rivière. Ce type de parcours semblant en plus répondre à une demande importante des locaux mais également des touristes, il serait dommage de s’en priver.
Ainsi, la mise en place de cinq parcours « no-kill » (4+1 puisque celui de Chateauneuf ne demande qu’à être agrandi), d’une longueur suffisante pour être intéressants, placés aux endroits stratégiques que sont les sites de ponts (Pont-de-Menat, Saint Gal, Ebreuil et Jenzat) permettrait de mettre en valeur les parcours avals qui sont pour l’instant relativement délaissés.
Au final l’amont de la rivière sera « désengorgé » et la pêche y redeviendra plus facile, plus intéressante, mais le nombre de kilomètres de rivière mis en valeur augmentera de façon notable et donc l’attractivité territoriale liée à cette activité également. Notons au passage que cette augmentation de l’attractivité territoriale sera bien entendu bénéfique à tous, et je pense notamment aux hébergeurs, puisque tout ce travail s’inscrit dans une démarche de développement de la vallée dans son ensemble.
Enfin comment vois-tu l’avenir après avoir rencontré l’ensemble des acteurs ?
Sur le papier, l’avenir semble plutôt propice à la mise en place d’un tourisme de pleine nature. En effet, la plupart des élus semble décidés à mettre en avant ce type d’activités pour tenter de mettre en valeur cette vallée qui périclite. La région, dans le cadre de ce projet de « station de pleine nature » de la vallée de la Sioule est également derrière.
Pourtant, je ne suis pas persuadé d’avoir réussi à leur « ouvrir les yeux » sur l’activité pêche malgré les chiffres qui ressortent de ce travail d’enquête et le fait que, malheureusement, beaucoup de destinations françaises sont en train de disparaitre et que l’Auvergne fera bientôt office de sanctuaire pour cette activité.
J’en profite pour dire qu’il serait d’ailleurs urgent d’avoir ce type de réflexion à l’échelle de la région dans son ensemble, d’élaborer un schéma de développement de la pêche en Auvergne et d’arrêter de raisonner à l’échelle du canton, pour pouvoir espérer devenir, ou redevenir une destination de référence. Nous possédons en effet une offre exceptionnelle dans notre région mais le manque de cohésion entre les différents acteurs et le peu de raisonnement global lié à cette activité est plutôt, à mes yeux, préjudiciable.
Cela dit, et pour en revenir au sujet initial, cette vision relativement pessimiste ne concerne que la mise en place de cette station et donc le développement d’un tourisme structuré et cohérent autour des activités de pleine nature en général. Pour la pêche, les principaux intéressés auront ce rapport d’ici peu de temps et ce sera à eux de réfléchir à ce qu’il faudrait mettre en place ou pas. Pour le reste, le fonctionnement de ces stations devrait être facilité dans le cadre du prochain Schéma de Développement du Tourisme et des Loisirs en Auvergne, ça devrait juste être au final qu’une question de temps. Espérons juste que ceux qui font le tourisme en Auvergne se décideront enfin à se pencher sur la question de la pêche qui est très loin aujourd’hui de l’image vieillotte que peuvent en donner certains journaux télévisés un jour d’ouverture.
Voilà Steph, j’espère que nous pourrons continuer de discuter de la pêche sur la Sioule encore longtemps en espérant que nous ne commencerons plus nos récits par « à l’époque » ou « de mon temps »…
Merci jean baptiste d’avoir fait l’effort de répondre à ces quelques questions.
Ce sujet du développement des activités de pleine nature sur la Sioule sera très probablement d’un des axes forts qui seront discuté lors des ag de nos aappmas.En attendant que l’on puisse retrouver l’ensemble de ton étude sur le site du SMADC.