14 septembre 2016, 8h00 du matin. Comme à mon habitude , j’aime à loisir laisser vagabonder mon esprit , parcourant les berges de l’Artière après avoir déposé mon fils à l’ecole.Je contemple en pleine ville , dame fario qui s’amuse d’un bout de pain qu’un badeau lui a laissé.
Convaincu probablement que la belle préfère la boulangerie à un bonne grosse ephemere.Que voulait vous-même les truites ont appris à devenir citadine.
Quelques mètres plus haut, c’est le spectacle d’une truitelle qui se cache à toute vitesse, persuadé d’avoir échappé à la vigilance de mon regard. Qu’il est bon pour le pêcheur que je suis d’imaginer un avenir radieux.
Plus en amont encore, je ne peux m’empêcher de plonger ma main dans l’eau fraiche comme pour me rassurer .Je retourne une pierre, observe une nymphe aquatique. L’eau c’est la vie !!!!
14 septembre 2016, 8h00 du matin. D’une torpeur effroyable,Tout cela n’etait qu’un rêve.
Ma réalité n’est plus qu’un cauchemar. De l’Artière, il ne reste rien. La vie une fois encore, une fois de trop peut-être , s’est évaporée.
Alors que nous avions regardé nos rivières se gonfler des pluies printanières, l’optimisme avait été rigueur.Gagarisé de ces m3, nous avions tous imaginé que pour une fois dame nature n’avait plus envie de jouer avec nos nerfs et nos inquiétudes.
Les mois ont passé, la situation hydrologique de nos départements auvergnats montre des parties entières de nos rivières à l’agonie. Le ciel a cessé d’être capricieux, résigné à ne plus vouloir nous tomber sur la tête.
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Les assecs se généralisent. Nos têtes de bassin sont en grande souffrance comme l’an dernier. Un bis répétita qui n’aurait plus guère d’exceptionnalité.
Je ne peux en écrivant ces lignes n’avoir une pensée pour toi qui aurait dû m’accompagner ce matin. Toi avec qui j’avais pris quelques habitudes .Toi la truite de l’Artiere, qui aimait les pains au chocolat et les croissants.
Je ne peux en écrivant ces lignes, hurler ma colère, résigné peut être d’accepter que la seule réponse qu’apporte le monde halieutique soit de mendier quelques arrêtés préfectoraux interdisant à mon voisin de laver sa voiture.
Comment peut-on encore pêcher nos rivières de 1er catégorie aujourd’hui sans s’interroger sur l’avenir .Comment peut-on encore ne pas sanctuariser ce vivant qui succombe de notre bêtise.
Je ne peux en écrivant ces lignes laisser à penser que je défends un no kil intégriste à la simple excuse d’être un moucheur qui regarde son époque emporter à grande vitesse la moindre parcelle de vie qui tentera de résister à un réchauffement climatique sans égal.
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Je ne peux en écrivant ces lignes affirmer mon découragement et me résoudre à ranger mes cannes à pêche au ratelier.D’autres rendez-vous, d’autres options sont possible à l’image de ces 2eme catégories ou la chaleur d’une été donne à nos cyprinidés des raisons de se réjouir.
Je ne peux en écrivant ces lignes cultiver une rancœur persuadé que tous cela est de la faute des autres. A l’image de ces insultes constantes envers les paysans , la menagere que distillent à longueur de journée certains pécheurs sur des réseaux sociaux. Dédouanant à chaque minute, la responsabilité évidente que nous avons tous.
Nos schémas de consommation , notre avidité à tous de posséder ,de vouloir sans retenue , notre désir d’expansion sans limite , notre volonté à construire un monde parfait , nous a peut-être fait perdre l’essentiel .Notre capacité à exiger de nous-même avant de vouloir des autres.
Je ne peux en écrivant ces lignes qu’ éprouver de l’amertume .Je ne sais si jour je te reverrai, je ne sais si tu as réussi à trouver un recoin d’eau .Je ne sais rien de tout cela.
Mais ici à cette minute, je prends le temps à travers ces mots de témoigner mon admiration de cette vie si anodine soit elle que fut la tienne .Conscient très probablement qu’il me sera bien difficile de me trouver des excuses.
Beau récit , pour une triste réalité
Une catastrophe comment peut-on en arriver là !! Je suis sans voie
encore merci pour tous ces articles opportuns
c est vraiment très bien écrit….
j ai dévorer ce texte avec une petite larme a l œil avec l espoir de jours meilleurs….mais la réalité est bien la et personne ne peut prédire ce qui va se passer pour nos pauvres cours d eau…
bien triste…c est vrai qu on a l impression que tous s effondre pour notre passion…
le pire c est que toute l humanité en subira les consequences…
l eau c est la vie…
Un amer constat ou nous avons tous une part de responsabilité… La nature saura évoluer ou disparaîtra …les pires scénarios de Sciences fiction d’actualité… Pour ne pas trop déprimé profitons et essayons de protéger à chacun son niveau de qu’il nous reste.