Timide

Timide, ainsi pourrait débuter le récit de ces quelques heures passées à retrouver la belle des Combrailles.

Après un weekend laissant à la foule des grands jours le plaisir d’arpenter les berges de la rivière, j’ai attendu la quiétude d’un moment que pour rien au monde je n’aurais souhaité faire ailleurs.

Le plaisir de retrouver la Sioule avec des eaux fortes et  bien fraiches ne laissait guère de doute pour cette ouverture. Je savais d’ores et déjà qu’il faudrait faire preuve de persévèrance et savoir se contenter du minimum.

Cela fait bien longtemps qu’elle  n’a pas offert un visage si prompt à décourager même les plus aguerris. Entre 30/40 m3, une eau à peine à 4°, un samedi d’ouverture avec peu d’écho de belle prise. Des résultats très faibles ou la célèbre bredouille tant redoutée  fut comme une réalité sans appel pour beaucoup.

Pourtant quel pied d’être là .Au milieu de la nature, prenant le temps  d’écouter les oiseaux qui annoncent le printemps, de regarder le manège d’un canard, d’observer le moindre indice qui vient perturber ce monde engourdis pour les frimas de l’hiver.

Une éphémère qui se pose  à la surface  comme le secret espoir que tout va recommencer. Un museau qui se dessine, une truite qui se montre affamée. Etrange sensation que celui de laisser vagabonder mon imaginaire.

Rien ne semble pouvoir perturbé ce tableau si parfait .A moins peut être que je ne fasse la conversation avec un de ces bipèdes .Un de ces « y qu’a » qui a chaque ouverture ont la pertinence d’une analyse des gens qui savent mais ne font jamais rien.

Vous savez ces gens-là comme disait Brel .Ces gens-là qui à longueur de journée vous offrent leurs mots appliqués .Ces gens-là que je m’évertue à fuir, n’ayant plus guère d’envie pour ces joutes verbales inutiles au point d’aspirer maintenant à une profonde solitude.

Transformant un simple loisir en une quête permanente de communion avec le vivant qui m’entoure, je sais que la pêche est devenue pour moi bien autre chose qu’une envie de reconnaissance.

Alors certes j’aurais pu partir à des centaines de kilomètres pour chercher un  ailleurs, terrain de jeu plus adapté à la recherche de beaux poissons  m’offrant probablement les fameux «like facebokien » tant attendus au sortir de ces lignes.

Certes j’aurais pu à loisir me laisser aller à l’infidélité à ma rivière, trouvant en elle bien des excuses pour m’exempter de ces heures délicates.

Mais de Sioule, j’en suis attaché .Partenaire d’une histoire qui nous unis depuis des années maintenant, j’ai rêvé d’elle ces mois derniers. Au fond de mon atelier j’ai imaginé ce premier rendez-vous, je me suis préparé, m’offrant quelques nouveaux artifices, une soie, un gilet, une boite à mouche bien remplie. Tout était prêt et je ne pouvais aller  plus loin.

Philosophie profonde qui me conduit à penser que sans cela, sans cette nécessaire fidélité, je risquerai de sombrer dans un esprit de consommation , si présent à notre époque auprès de ces nouvelles générations de pêcheurs qui au final passent de rivière en rivière sans jamais se préoccuper d’elle

Ainsi a commencé ma saison 2017….

Updated: mars 15, 2017 — 3:58

5 Comments

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  1. DELABARDE serge

    Magnifique ton texte…comme d’habitude c’est un régal de te lire et il semble que tu souffres, tout comme moi d’agoraphobie!
    Aurais-je la chance de faire ta connaissance la semaine prochaine, j’ai loué un gîte à Montfermy du 20 au 24.

    Ah, j’oubliais, je me suis lancé dans la réalisation d’une canne en bambou refendu. j’aime les challenges…au fond de mon atelier!

    Cordialement.

    1. bonjour serge

      Se serait un plaisir de se croiser la semaine prochaine.Je pourrais faire un petit detour sur la haute sioule.

      Halieutiquement
      Stephane

  2. J’aimerai un jour .. une fois venir partagé un moment de pêche avec toi sur ce joyau que tu défend si bien….

    Juste pour le plaisir de se connaître enfin mieux toi et moi….

  3. j’ai croise un pêcheur avec une truite de 28cm dans le panier.je l’ai tres amicalement interpelle que la maille etait a 30 cette annee.la seule reponse de sa part (j’en ai rien a foutre’) ils ne font que des conneries ! je suppose que cele s’adressait aux membres du bureaux de lappma de chateauneuf.quel gâchis! vigilence messieurs les gardes !

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